top of page

MARC-YVES VOLCY

Marc-Yves Volcy ou la constance de l'efficacité

Et voilà un artiste majeur qui ne vit pourtant pas de son art, mais le fait vivre, nous chante, nous enchante avec, dans son maintien débonnaire et son propos, la discrétion de son engagement. Dès lors, le mot fait suite à un cortège de florilèges qui ne sont à l’abri d’hommage fredonné ni de cette édification « De tendresse et d’amitié ».

Il était une fois dans les années 60-70 Haïti et les mini-jazz! De cette foisonnante émergence de jeunes groupes musicaux, l’orchestre Les Ambassadeurs très vite se démarqua par son acutesse, laissant comme de raison le devant de la scène à ses deux chanteurs vedettes : Pascal Albert et Marc-Yves Volcy.  Fringants à tous coups sur les planches,  ils furent adulés par une jeunesse en mal de vertige et d’émerveillement, car tout ne fut pas rose sous la dictature de l’époque. 

 

Quoique cerné par quelques exigences du pouvoir en place, le groupe tint bon, s’ennoblit par de remarquables et inoubliables chansons sous la direction d'Ernst Ménélas : Ti fi a, Aveu sincère, Toi, Tèt kole, Fini, S’il fallait oublier, Septième flotte. Son succès incontesté fut couronné par un premier séjour à New York en 1971-1972. De là, Volcy fit face au navrement d’une décision audacieuse en choisissant la liberté de l’émigration. 

 

À New York comme désormais à Montréal, la vie de Volcy s’abreuvait de paroles neuves, revendicatrices, pourfendant à son tour l’idiotie, l’arbitraire et le servage. Il suffirait d’écouter son premier disque solo Ou bliye pour valider ce témoignage.

 

Du chemin parcouru au nombre des pièces offertes à chaque opus qu'il a fait paraître, plus de cent vingt titres portent aujourd’hui la signature de l'illustre auteur-compositeur-interprète Marc-Yves Volcy. Même quand l’artiste sur le nouvel album «De tendresse et d'amitié» nous donne l’impression de revenir sur ses pas, le cadre sonore et la poétique des textes procèdent d'un travail d’exigence, d'une projection nouvelle,  rêvée, mais consciente, qui prend acte une fois de plus de l’humain. 

 

Une oeuvre qui ne se laisse entendre que d’une oreille complice, car plus qu’un texte s’appropriant une mélodie, chaque chanson est une puissance qui refuse de trancher entre notre part de bonheur, de nostalgie et fatalement de désarroi. Se gardant loin du faire-valoir, de la mêlée, Marc-Yves Volcy témoigne sans conteste, par ce disque, de cette transcendance immanente par où triomphent la démesure de l’urgence et la mémoire des confidences : Se moun li ye, Ce matin-là, Labim, Dessine-moi le Québec. 

 

Je n’en reviens que plus ouvert à l’émotion qui se chante. Fallait-il que l’auteur soit viscéralement maillé aux épreuves de son pays d’origine Haïti, et à la magnificence de son Québec, pour convoler en justes noces, dans un seul élan et jusque dans sa poésie, avec l’ineffable de ces deux terres sœurs.

 

Comprenez, je parle ici du travail d’un ami, de sa constance dans l'efficacité. Mon propos, loin d’être uniquement admiratif, est une suggestion critique de cette oeuvre qui n’attend rien de vous, sauf de ne pas oublier que «De tendresse et d’amitié» vous appartient désormais, et plus qu’à tout autre. En attendant, rêvez en retour, de ces spectacles grandioses, que Marc-Yves se doit d'offrir à votre fidélité de près d'un demi-siècle.

 

Fayolle JEAN

bottom of page